
Alors ce départ ? Notre récit de voyage 1ère partie
Ouh je ne sais pas vous, mais pour moi les semaines écoulées ont été chargées. Nous voici une semaine passée depuis notre arrivée sur le sol canadien. Parce que j’adore les récits de vie, et que pour le coup là c’est celui de ma vie, j’ai eu envie d’écrire ces moments forts et de les partager avec vous.

Le décompte final
Je disais donc des semaines chargées. Et pour cause, en une semaine, on a – enfin, je dis « on » par courtoisie pour mon époux, mais faut avouer qu’il serait plus réaliste de dire » j’ai » :
- obtenu le dernier sésame pour pouvoir nous rendre au Canada
- acheté des billets pour 1 adulte et 2 enfants direction Montréal
- réservé 3 nuits à l’hôtel comme exigé par le gouvernement canadien
- imprimé l’équivalent d’un tiers de la forêt amazonienne en pièces justificatives
- passé un test PCR (adulte et enfants compris) sans pleurer et avec bonbons en récompense
- vendu ma voiture en 2 jours (oui en 2 jours… Vous l’ignorez peut-être mais les 107 Peugeot ont la côte, même quand elles ont atteint l’âge honorable de 13 ans et affichent au compteur pas loin de …. ah mais je réalise que ça n’est pas très élégant de dévoiler son kilométrage publiquement comme ça)
- finalisé les démarches administratives : signature de la vente de la maison, rdv banque, résiliation des contrats de gaz, électricité, eau, forfait téléphone … Dans l’ensemble, tout ça c’est fait plus rapidement que j’imaginais ( et m’a donné envie de m’enfermer dans une cabane au fin fond de la forêt mais bon passons).
- prévenu les impôts de notre déménagement à l’étranger ( Innocente que je suis d’imaginer qu’ils allaient perdre notre trace et oublier de nous réclamer leur dû ah ah ah …. 40 ans et si naïve encore…)
Nous restait « plus que » la partie plus humaine du départ. Dire au revoir à l’école, à l’équipe pédagogique qui nous a si bien soutenu dans les préparatifs de cette aventure. Mention spéciale à Véronique qui nous a offert un très beau cadre photos de la fête d’anniversaire-départ de notre petite dernière. On la gardera longtemps dans notre cœur Véronique, … Les goûters-dans-le-respect-des-mesures-sanitaires, soit à l’air libre, en tout petit comité et à moins de 10km. Bref, de quoi célébrer une partie de notre vie de famille.
Et pis la famille et pis les amis. De nos aux revoirs pudiques, de ceux qui privilégient le rire pour retenir les larmes. On se dit à tout bientôt et puis on garde nos habitudes. Longue vie aux messageries instantanées qui permettent de garder le lien. Et aux visios dont on est devenu les experts. Un bienfait de la pandémie.
Le Jour J
Jeudi 15 avril 2021. La sonnerie du réveil me trouve levée depuis 2h déjà. Je suis tel Thomas Pesquet, à l’approche du grand décollage : calme, déterminée, fébrile. Les choses ont fait que je me suis réveillée dans ma chambre de jeune fille. Et me reviennent en mémoire 2 matins marquants dans cette même chambre : celui de mon départ du nid familial pour mes études à Vannes un matin de septembre 1999 et celui de mon mariage le 4 mai 2013. Ce matin d’avril 2021, je pars pour le Canada. Je remercie cette chambre d’abriter autant de moments importants et je ne doute pas que mes grands absents m’entourent de leur présence en cette journée aussi.
Il est temps pour moi de réveiller mes enfants. Alexandre, 9 ans, se réveille le sourire aux lèvres : “ On part au Québec retrouver Papa !!”. Eléonore paresse un peu mais très vite se relève dans un “On part au Québec !”. Le temps d’immortaliser le moment pour le papa, et on se dépêche de rejoindre Mamie pour un petit déjeuner léger, tant sur le plan nutritif qu’émotionnel. Les valises sont bouclées, la voiture chargée, le café thermossé. Tout est prêt. Un dernier câlin à Pépette, le soutien affectif de la-dite mamie. Et nous prenons la route pour l’aéroport de Nantes.
Le “ B.A. Ba” à la française
La route a été vite avalée, bien accompagnée que nous étions. L’arrivée à l’aéroport se fait même trop vite pour notre accompagnatrice. Nous entrons dans l’aéroport, désert ou quasi. L’enregistrement des bagages démarre et pour moi, le stress est à son max. C’est ici que tout se joue. Je dois avoir tous les papiers sans quoi, nous retournerons d’où nous venons.
– Un départ pour Montréal….. Avez-vous un visa numérisé ?”
– Pardon?
**pensée émue pour tous les membres du groupe Facebook” Français à Québec” sur lequel le mot visa est passible de bannissement. On n’a pas de visa pour le Canada. Y a même un Bruce qui répète “pas de visaaaaaaa, c’est du domaine du régalien”, je comprends pas toujours tout ce qu’il dit, mais je vous invite à avoir un Bruce dans votre entourage, ça aide.
– …. Montrez-moi vos papiers…. Je passe sur le brin d’agacement de l’agent Air France quand je lui demande de répéter car “ je suis malentendante et avec le masque c’est compliqué…”. Je lui sors toute ma vie résumée en une ramette de papier 80 gr. Elle semble y trouver son bonheur…
– Et l’attestation de sortie du territoire?
– Pardon? Et oui à ce stade de stress, j’ai peu de répartie.
– L’attestation de sortie du territoire français *
– Ben écoutez, je ne vois pas ce que c’est, j’ai fait ma réservation par téléphone et on ne m’en a pas parler”.
– Pffff… Oui j’ai entendu le pff à travers son masque, juré.
– C’est le B.A.Ba pour tout déplacement à l’étranger, lance-t-elle avant de me tendre 3 papiers sur lesquels je reconnais l’attestation qui a rythmé nos vies il y a un an. L’attestation que personne ne réclame ( Sauf la BA BAte d’Air France). Même elle, elle le dit “ En fait, on s’en fiche un peu mais il faut l’avoir”.
Si vous avez déjà monté un dossier pour obtenir un permis de travail canadien ou connaissez quelqu’un qui l’a fait, vous savez. Vous savez que c’est un marathon, que le nombre de démarches, de pièces justificatives à fournir ont inspiré Uderzo pour le formulaire A38 des “12 travaux d’Astérix”. Donc quand la madame me dit que sans cette attestation, dont on s’en fout un peu, et que -spoiler alert- je n’aurais jamais à remontrer pendant notre transit, j’ai juste envie de la remercier. La remercier de me donner si soudainement envie de quitter la France.