
L’équipe enfin réunie ! Notre récit de voyage 4ème partie
Pour moi et ma famille, 2021 rime avec canadien, ou plus précisément québécois ! Nous avons saisi une belle opportunité qui nous a ouvert les portes du Québec. J’en ai entamé le récit. Place à la 4ème partie.
Je reprends mon souffle à mesure que les enfants commencent vraiment à s’inquiéter pour moi et voire même à menacer “ Maman, pleure pas sinon je vais commencer aussi” me prévient Eléonore. Parce qu’à 6 ans, après avoir dit au revoir à son école, à ses amies, à sa famille, à sa 1ère maison. Après avoir laissé derrière elle son 1er vélo, ses 1ers jouets. Après avoir dit à tout bientôt à son gros nounours embarqué quelques semaines plus tôt dans le conteneur. Et bien à 6 ans, devant sa maman en pleurs, après une journée de voyage, elle suggère qu’elle pourrait peut-être se mettre à pleurer. On est sur du caractère 100% beurre salé, ascendant granit… Indéboulonnable.
Bon je reprends donc ma respiration et on commence à se poser un peu. Le temps de connecter mon téléphone au wifi de l’hôtel et de lancer une visio avec le papa. Je le rassure d’un “ nan nan mais ça va mieux”, réconfortée que je suis par ses mots sincères de soulagement de nous savoir à quelques kilomètres de lui. Je lui pose quand même la question : “ Ça fait quoi de parler à des gens passé 18h ?”. Parce qu’il faut savoir que le décalage horaire à partir de 16h, heure de Québec, pour le français fraîchement débarqué, c’est silence radio. Il est 22h en France, et tout le monde a mis son téléphone sur off. Le David savoure donc le fait de pouvoir jaser après sa journée de boulot. Il m’invite à faire LE truc qu’on peut se permettre ici : prendre un bain.
Et oui le Canada dispose de 20% des réserves d’eau mondiale (merci Jamy). C’est pas pour autant qu’on va en abuser mais là c’est clair qu’un bain chaud, c’est pile ce dont j’ai besoin pour me remettre de mes émotions. J’avoue ne même plus savoir ce que faisaient les enfants à ce moment-là. Dans le désordre, ils ont fait une douche rapide, regardé un peu la télé québécoise et avalé rapidement un plat de pâtes à la sauce tomate. “ J’aime pas trop Maman” m’informe Alexandre. Bien. Et hop en pyj’ et au lit. Il est à peu près 2h du matin en France. Il est temps de s’endormir. Autant en été, les faire s’endormir dans le même lit était impossible. Autant là, c’est nickel. (Ca nous fait quand même de sacrées conditions à remplir pour réitérer l’exploit). Je traîne pas derrière eux pour me mettre au lit, curieuse de savoir à quelle heure mon corps estimera normal de se réveiller.
4h30 du matin, le parking d’un motel…
4h30 donc. Alors 4h30 à Montréal, soit 10h30 en France. Ce qui n’est pas loin d’être un record de grass’ mat’ depuis …. 9 ans (J’aime mes enfants, mon sommeil les aime un peu moins). 4h30, je suis bien réveillée. Je me tâte à me lever, au risque de réveiller les enfants. Mais les choses font que je me lève. J’écarte les rideaux de la chambre. Je manque d’éclater de rire. On est clairement dans un film américain, un genre de road movie. Y a un lampadaire qui éclaire mal, des picks-up garés pas loin, la nuit nuitoit, le parking parkoit. Quelque chose dans le style. Me manque plus que la clope. Je scrute les fenêtres pour trouver le meurtrier. Que dalle. Je regarde trop de séries vraiment. Je retourne au lit, allume mon téléphone et commence à papoter avec ma mère et ma sœur, jamais très loin de leur messenger. Mon heure de réveil deviendra vite une blague récurrente entre nous, “ça progresse, ça progresse”. Je sens quelqu’un grimper dans mon lit. Alexandre est le 1er debout, il est près de 5h. Bon, je tente de le faire se rendormir. Eléonore suit. Ça va faire tôt mais bon. Nous avons 3 jours devant nous pour tenter de se caler à la nouvelle heure. Du coup, je comprends mieux la recommandation de David de me faire acheter des goûters à mettre dans les valises. Il est 5h30, les enfants crèvent de faim. Je bénis les pompotes et les gâteaux Brossard.
Jasette entre détenues
Vers 7h, on entend s’affairer derrière la porte. On ouvre et on trouve une boîte contenant un petit déjeuner. Pas de surprise, c’est compris dans le prix. Par contre, y en a 1. Nous sommes 3. Je réouvre la porte et tombe nez-à-nez avec ma voisine d’en face qui me lance “ On est comme des prisonnières« . Elle a le même souci que moi, 2 petits-déjeuners pour 4, ça fait peu. Elle en profite pour s’excuser du bruit que sa petite dernière a fait cette nuit. “ Le bruit ne vous a pas trop dérangé ?”. C’est toujours une question qui me fait rire. Être réveillée par le bruit la nuit, pour une malentendante sans ses appareils, c’est aussi probable que de croiser Thomas Pesquet à Pôle Emploi (oui je l’aime bien lui). Grande princesse, je la rassure “ Non ça a été, ne vous inquiétez pas”. Mouhaha.
On se précipite donc à la découverte de notre premier repas canadien : un muffin à l’oeuf, une barre de céréales, un jus, un yogourt. “ Maman j’aime pas ça” m’informe Alexandre en me montrant le muffin à peine entamé. Bien. Rapidement avalés, ils s’installent devant la télé, ma BFF. Je vais avoir le temps de lire le livre offert par ma chère chère Lydia. Et de glander. Et de poireauter. Et de ne rien faire. On est complètement confinés dans la chambre. Interdiction de sortir de la chambre tant qu’on n’a pas les résultats négatifs aux tests PCR faits à l’aéroport. Je suis OBLIGEE de rester au lit à lire. Dur. Heureusement j’ai du café.
A propos de test, en me levant à 4h30, j’avais déjà les résultats des enfants dans ma boîte mail. Négatifs. Chic. Par contre, rien me concernant. “Capuducul” est tout ce qui me vient. On en cause avec le David. Il appelle le laboratoire. Qu’il arrive à avoir tout de suite. Et le type trouve mon dossier tout de suite. Efficacité au top. Il le rassure, pas de message comme quoi mon test n’est pas exploitable. Il faut patienter, mon test va bientôt être traité. Soit on patiente, au lit, avec un bouquin. Dur.
Une tête de prise
Je prends le temps quand même d’explorer notre nouvel environnement. Les trucs qui changent ici comme les robinets, j’ai mis un temps à comprendre comment avoir de l’eau chaude. Mais c’est surtout la “tête” des prises de courant qui nous font le plus rire. Elles ont l’air aussi surprises que nous de nous voir là. En plus, c’est à peu près la tête que je vais faire pendant quelques jours à chaque découverte.
La journée passe rythmée par les visios avec la famille, la livraison de repas que les enfants rebaptisent “ le courrier” et qu’ils s’amusent à aller vérifier en ouvrant la porte, peu importe que maman soit à se changer…. Pour le repas du midi, ce sera sandwich avec saucisse italienne et fromage. “ Maman, j’aime pas le fromage il est trop gras” m’informe Alexandre. Bien. Eléonore, comme à son habitude, picore un bout de tomate. Les yogourts ont plus de succès. “Tu regardes si tu as les résultats de ton test “ m’interroge David “ Tout le temps mon chéri”. 13h16, enième check de ma boîte mail : “ Biron Rapport” les résultats de mon test sont arrivés. Le temps de trouver la mini-carte sur laquelle se trouve le mot de passe, de repérer la mienne de celles des enfants. Je remplis fébrilement le code : négatif. J’éructe de joie. Ou plutôt j’exulte car ceci me regarde. ( les inconnus si vous avez pas la réf’). On lance la visio avec le papa pour lui chanter dès qu’il décroche “ Tu viens nous chercher demain ! Tu viens nous chercher demain !”. On gagne une journée avec ces retours de résultat plus rapides que prévu. On est “un peu” content.
Quand tu roules dans une voiture dans laquelle pourrait rentrer ta 107
La journée se termine entre jeux sur la DS, télé, livres, dessins coloriage pour avoir bonne conscience. Le repas du soir est servi à 18h30. Une pizza entre nous 3. “ J’aime pas trop leur pizza maman” m’informe Alexandre. Bien. Oui il est pas difficile d’habitude, mais là y avait rien qui allait. On part se coucher pour 20 h (j’aime bien la tournure de la phrase, genre on “part au lit” dans une chambre de 15m², ça sonne comme une expédition). Pas franchement fatigués mais un peu déphasés. Ça traine un peu et pis ça s’endort. Jusqu’à 4h30. Et oui, on a l’horloge bien réglée. Mais pour le coup, on est réveillés tous les 3 à 4h30. Alors, j’autorise la ds et le téléphone pour jouer et éviter de faire du bruit pour nos voisins, qui, eux, n’ont pas la chance d’être malentendants. Je prends quelques photos de nos têtes de cachets d’aspirine, les petites valises mais sous les yeux celles-là. Il me semble qu’on arrivera à rendormir jusqu’à 7h. L’heure du petit-dej, wrap d’oeuf, yogourt, jus et compote.
“ Maman … “ “Oui c’est bon Alexandre je sais”.
A 6h, 1er message du papa “ Je finis mon baquel et je pars”. Si pressé le papa qu il ne prend même la peine de se corriger. (Il mange un bagel). Il en a pour 2h30 de route. Je dis aux enfants que papa devrait être là pour 9h30. Ils n’ont pas l’air d’écouter sur le moment et puis Alexandre plusieurs fois, regardera le réveil “ Papa arrive dans 2 h”, “ Papa arrive dans 1h”. Punaise dans 1h, j’en aurais fini de ma mission maman solo. Ouf.
Vers 9h, on n’y tient plus. On décide de descendre dans le hall de l’hôtel, j’ai refait les valises, les sacs. On renfile nos manteaux, nos chaussures. On prend une dernière photo de notre épopée à trois avant les retrouvailles. (Oui je suis très photo). Et on descend. La magie des nouvelles technologies, toujours, me permet de voir où se trouve David et le temps de trajet restant. Je rafraîchis à mort ma connexion :
32 min
27 min
25 min
25 min
25 min … Oh ça déconne ou quoi.
22 min, ah
Je papote en attendant avec les enfants notamment à propos de la voiture que papa a loué. Un dodge chépakoi. On a vu la photo et le commentaire précis qui m’est venu : on pourrait presque rentrer ma 107 dedans. On va se perdreà l’intérieur.
17 min
15 min
13 min ( Dans la tête de Thomas Pesquet)
…
Et pis là ça bloque à 5 min pendant 5 minutes. Je relève la tête et préviens les enfants : “Papa arrive”. J’aperçois la voiture noire. Je la montre aux petits, je les retiens de se jeter sous les roues. “ Laissez papa se garer”. Il se gare. Je ne tiens plus les petits. Eléonore sera la plus rapide. David sort à peine de la voiture qu’il se fait plaquer par un petit morceau d’1m22 et 25 kilos. Alexandre arrive pas loin derrière clouant au sol le fringant papa. Je filme le tout, parce que je suis une chialeuse qui adore chialer devant les scènes de retrouvailles chialantes. Le problème c’est que ça s’entend sur le film. Bref. Je prends aussi quelques photos dont une qui résume tout.
Et pis c’est mon tour. De me réfugier dans les bras de mon bojolimocko. Je ne fais pas dans la pudeur, ni dans la discrétion. 95 dodos quand même.
Et là je suis obligée de m’excuser. Pardon mais j’ai pris bien trop de plaisir à écrire tout ça pour m’arrêter là. J’en ai encore à raconter, de notre découverte de Québec, de notre arrivée dans notre nouveau quartier, de nos retrouvailles avec mes collègues à poil ( je parle d’animaux bien entendu). Navrée, vous allez encore vous farcir un pavé sauce canadienne. “ Maman…” “oui Alexandre on a compris”.